Autour du travail de Laurent Pichaud et Rémy Héritier

A propos des Jeux Chorégraphiques
(Création 2013)

Conception : Laurent Pichaud et Rémy Héritier
Interprétés par : 6 joueurs différents en fonction des représentations et par le public présent

Production : x-­‐sud
Coproduction : Festival Uzèsdanse, avec le soutien du CND (prêt de studio) x-­‐sud est subventionné par le Département du Gard et la Ville de Nîmes.

Les  Jeux  Chorégraphiques  sont  un  dispositif spectaculaire, pédagogique, réflexif, qui répond à un impératif ludique : risquer de s’entendre parler de danse…
Inventés dans le sillage  d’une réflexion large sur la notion d’a priori en danse (laurent pichaud et anne lopez, 2006), prolongés sous diverses formes pédagogiques et performatives depuis, ils sont développés par laurent pichaud et rémy héritier sous formes de soirées publiques à partir de 2013.
La Première a eu lieu au Festival Uzèsdanse en juin 2013.

 

Entretien :
Laurent Pichaud et Rémy Héritier (février 2013)

Quelle est l’idée des Jeux chorégraphiques ?

Les Jeux Chorégraphiques se sont d’abord inventés autour de la question des a priori en danse : comment construit-­‐on son regard sur la danse avant d’aller voir un spectacle… Pour mettre à jour ces a priori, nous avions transposé des jeux littéraires de l’émission de France Culture Les Papous dans la tête, où des écrivains, souvent membres de l’OuLiPo, s’amusent du savoir et du langage.
Maintenant, grâce à d’autres jeux inventés pour l’occasion, ils permettent de faire entendre comment chacun regarde et parle de la danse.
De manière plus large, ils posent aussi la question de l’Histoire de la danse qui transpire dans tous nos corps : que nous soyons danseurs ou non.

Vous avez donc expérimenté ces jeux avec plusieurs groupes de spectateurs, comment envisagez-­vous le passage à une forme plus spectaculaire  ?

Les Jeux sont en eux-­mêmes spectaculaires puisque qu’ils convoquent  à la fois la « performance » de certains joueurs et le regard de spectateurs attentifs qui deviennent « experts ». Nous aimons  d’ailleurs remarquer combien, grâce à ces Jeux, grâce à l’aspect ludique inhérent aux différentes situations scéniques, la prise de risque est aussi grande chez les joueurs qui osent la danse que chez des « experts » qui osent parler de ce qu’ils voient…

Les spectateurs seront-­ils amenés à participer ? Ou faites-­vous appel à un groupe de personne spécifique ?

Les deux. Il y a des « experts » invités sur certains Jeux, mais de manière générale tout spectateur peut devenir « expert » : qu’il prenne la parole en public ou non. C’est une des caractéristiques importantes de ces Jeux : il n’y a pas de hiérarchie entre ceux qui seraient censés « savoir » et les autres. Entendre d’autres jouer, s’entendre soi-­‐même jouer silencieusement, est équivalent. Et il est d’ailleurs à noter qu’une des choses les plus amusantes est d’entendre les « experts » se tromper…

 

Biographies :

Laurent Pichaud (1971, Nîmes)

PICHAUD PORTRAIT

Laurent Pichaud débute son parcours d’interprète et chorégraphe  dans  les  années 1990 alors que la danse contemporaine est traversée par une remise en cause du spectacle et de ses codes. Il participe pleinement de ces réflexions  et expérimentations tout en  poursuivant  parallèlement  un  cursus  universitaire d’histoire de l’art. Depuis il n’a jamais cessé de mener avec un même intérêt une double activité de chorégraphe  et  d’interprète. Chorégraphe, il privilégie les  recherches  sous  le  mode  des  ‘consignes’  et ‘contraintes’, toujours en immédiate  relation  avec  le  réel  environnant  de l’interprète. Ce souci du lieu de présentation est devenu peu à peu une constante centrale dans sa démarche — chaque projet est associé à un contexte spécifique, un lieu en lui-­‐même pouvant suffire à définir le sujet d’une pièce. Qu’il s’agisse de lieux de vie ‘réelle’ ou d’espaces singuliers aménagés, voire d’un théâtre, c’est toujours la globalité de l’espace visuel qui participe de l’écriture. Et le plus souvent  on  ne saurait en isoler la seule part chorégraphique. Au-­‐delà des caractéristiques physiques des lieux, ses dernières recherches s’intéressent toujours plus à la position du spectateur, c’est-­‐à-­‐dire à sa part dans le chorégraphique mais aussi à la présence du chorégraphique dans son imaginaire. Il est à ce jour l’auteur de plus d’une douzaine de pièces, dont parmi les  plus récentes fer terre, image d’un lieu-­duo ; référentiel bondissant, pour gymnases et gradins ; àtitré, deux sujets  à  interprétation  mon  nom,  une  place  pour  monuments aux morts ; indivisibilités avec Deborah Hay ; La Montagne d’Aubervilliers avec R. Héritier ; ]domaines[ nomade (CCN de Montpellier) ; Jeux Chorégraphiques avec R. Héritier (création 2013). A ces pièces se rattache de plus une série d’écritures pour musées. Interprète dans ses propres pièces, il demeure attaché à son parcours auprès d’autres chorégraphes. Il a travaillé de façon privilégiée avec Martine Pisani et plus récemment avec la chorégraphe américaine Deborah Hay, dont il est aussi l’assistant chorégraphe. Enfin ses workshops, qu’ils s’adressent à des danseurs, des étudiants en art ou des amateurs, occupent une place importante dans l’évolution de son rapport à la création artistique. Il est actuellement co-­‐directeur du Master EX.E.R.CE, spécialité études chorégraphiques -­‐ « recherche et représentation » -­‐ Université Paul Valéry Montpellier III / CCN de Montpellier.

(C. Scotton)

 

Rémy Héritier

HERITIER PORTRAIT

Rémy Héritier est né en France en 1977. Il vit à Paris.
Depuis 2005 il a créé successivement Arnold versus Pablo (duo), Archives (sextet) domestiqué coyote (solo), Atteindre la fin du western (quintet), Dispositions (solo), Chevreuil (quintet), Facing the sculpture (quartet), une étendue  (quartet),  Percée Persée (solo). Son travail à été présenté par le Phénix scène nationale Valenciennes, le Centre Pompidou – les Spectacles Vivants –  Paris, Fondation Cartier pour l’Art Contemporain – Paris, Les Laboratoires d’Aubervilliers, La Villette – Paris, Montpellier Danse, ImpulsTanz festival – Vienne, TanzQuartierWien, Çati Dans – Istanbul, PACT-Essen, Festival Latitudes Contemporaines – Lille, Festival Mettre en Scène – Rennes, RE-AL Lisbonne, Kaaitheater Bruxelles, le Plateau Frac Ile de France…
Depuis 1999 il a été interprète auprès de Philipp Gehmacher, Laurent Chétouane, Mathilde Monnier, Jennifer Lacey, Loïc Touzé, Laurent Pichaud, Christophe Fiat, Sylvain Prunenec, Matthieu Kavyrchine… Il a été artiste associé au Laboratoires d’Aubervilliers en 2008-09. En 2013 il est lauréat du programme « Hors les Murs » de l’Institut français.