A propos du Réseau Hartmann

Le Réseau Hartmann :
Jean-Adrien ArzilierPierre GuilhemJulien Francioli et Alexandre Giroux

Featuring Jean-Marc Andrieu
& Philippe Pannetier qui présente « Le Détour » dans la Galerie FIAT PANDA

 

« Mon voyage ne contiendra pas davantage ; car je traverserai souvent en long et en large, ou bien diagonalement, sans suivre de règle ni de méthode. – Je ferai même des zigzags, je parcourrai toutes les lignes possibles en géométrie si le besoin l’exige. »

Xavier de Maistre, Voyage autour de ma chambre, 1794

 

Tout comme le réseau Curry, le réseau Hartmann est une théorie de géobiologie qui étudie les lignes de force cosmo-telluriques (champs magnétiques, courants souterrains, failles géologiques) et l’influence de l’environnement sur le vivant.

Si les quatre artistes présentés ici on choisi pour leur réunion le nom de réseau Hartmann, c’est peut-être parce qu’aucune explication donnée ne les satisfaisant pour le moment, leurs recherches dans l’art en deviennent, comme en science, expérimentales.

Ils cherchent les points de convergence entre les moyens de représentation et les différentes perceptions de l’objet. Peu enclins à accepter un déroulement logique, ils révèlent un ordre confus des choses.

L’intuition, la rêverie qui parcourt les artistes de ce « réseau » les amène à accoucher d’œuvres hybrides, entre-deux, objets paradoxaux tant dans la forme que dans le fond. L’hésitation qui croît dans l’esprit du spectateur entre le verbal et l’image, entre l’intellect et le sensible, entre l’évidence (hors de la vue) et l’intuition (d’un seul coup d’œil), crée un étrange phénomène de pompage, ressemblant à l’autofocus d’une caméra qui ne trouve pas le point. Faire le point avec une caméra, c’est trouver la netteté de l’image, choisir la zone de lisibilité de celle-ci.

Eux ne choisissent pas, et jouent avec le « non-sens » de lecture. Ils nous laissent seuls décisionnaires avec cette compossibilité de contradictoires. A trop hésiter, on fait du surplace, ne réussissant à savoir quelle direction prendre (mais après tout, on peut mesurer la circonférence d’un cercle en partant de n’importe où).

Le réseau Hartmann bouscule  l’idée de galeries et de musées, l’institutionnalisation de ces espaces et de ces lois qui ont limité les « conséquences » de la création, de l’infini qui s’ouvre dans la relation entre l’œuvre et l’œil. Mais il n’y a aucun besoin, aucune intention a priori, dans leurs œuvres. Il y a seulement un désir qui ne peut être satisfait, un désir qui se nourrit de ses propres faims et augmente par les spéculations des spectateurs. La structure même des apparences de leurs travaux sont à la fois ce qu’ils sont et l’infini de ce qu’ils excluent. Le mouvement de cette réalité définie, s’échappant de sa définition, constitue un scintillement infini sous le regard de la réflexion. Brusques chocs de la conscience qui deviennent interrogations et donnent à penser. « Une pensée qui pense plus qu’elle ne pense, ou plus que ce qu’elle pense ».

Vincent Capes 

 

 « Les lieux vides et flous que j’explorais m’offrait le surplus d’inconnus que me refusait désormais la fiction, musique d’ambiance moulinée par la télévision et les magazines, pâte grise égalisant les surfaces, arrondissant les angles et  bouchant les fissures. J’étais revenu au réel pour trouver le merveilleux. »

Philippe Vasset, Un Livre Blanc, 2007

 

EXPOSITION AU ZO DU 29 OCTOBRE AU 21 NOVEMBRE 2013