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DANSE MACABRE - BORIS LABBÉ
«Enfermé dans un monde sphérique nous parcourons simultanément en trois points une maquette à la fois miniature et gigantesque. Les scènes représentées, vestiges fantomatiques et immobiles d’iconographies médiévales, se déforment, se transforment et se détruisent pour à nouveau renaître. La rencontre de trois crânes humains disproportionnés, des vanités, déclenche une perturbation allant jusqu’au chaos. Les squelettes dansent pour annoncer ce changement, un cycle de construction et de déconstruction continuel est en place.»
Le cinéma comme palingénésie et palindrome
Pascal Vimenet, août 2012.
Critique et historien de cinéma, auteur-réalisateur documentaire.
Mise en garde au « cinéma comme palingénésie et palindrome » de Ce texte est brillant, on ne peut pas le nier ! Mais on sait aussi que cette brillance peut se révéler ambiguë, voire nocive, dans le sens où elle intellectualise beaucoup la nature du travail de Boris et rend sa démarche très « consciente », clairement motivée, ce dont je ne suis pas sûr qu'elle soit la vérité exacte, le reflet précis – seul Boris est en mesure de répondre à ce sujet avec sincérité –, Projection savante, abondamment étayée par un afflux de références de concepts, tel est le constat qu'on peut faire. Certes, le critique et historien de cinéma Pascal Vimenet connaît son sujet et la maîtrise qu'il en a ne saurait être mise en doute. D'où la question que j'ai envie de poser : « Est-ce bien cela ? » ou n'est-ce pas autre chose qui serait, avec ses zones d'ombre non encore défrichées, à mettre au crédit d'une recherche personnelle bouillonnante, encore brouillonne parfois, mais hardiment évolutive et ardemment assumée ? La « brillance intellectuelle » de Vimenet ne viendrait-elle pas, paradoxalement, l'altérer ? Pour avoir assez longuement parlé avec Boris, je sais que ses expériences laissent un large champ à l'intuition 1; malgré la complexité de la mise en place, le temps de préparation, il y a quelque chose qui sort du fond de lui-même, quelque chose de profond, donc, de confus, d'obscur, qui est appelé à se révéler ; qui a nécessairement besoin de se révéler, sans trop de soucier pour l'heure de référents (de cercles en cercles, nous savons que tout est lié) ; de manière assez crue et violente, contrairement à ce que ses dispositifs ingénieux peuvent laisser paraître, autour de la matérialité, la problématique du corps, la quête d'identité... Et je souhaite surtout que Boris conserve cette force d'effraction, d'extraction et de révélation. Mais je veux bien me garder de prendre sa place, laquelle imposerait de me tenir à la hauteur des imposants défis que ce texte menace de faire peser sur ma création artistique, zone de haute pression qui risquerait, par accaparement, de me vider de ma propre substance. Il est un fait évident à rappeler : cette sapience a besoin du travail de Boris pour s'exprimer tandis que Boris – j'ose m'engager dans cette saine et nette affirmation – n'a pas besoin de cette sapience pour se révéler. Il y a un caractère « séminal » dans le travail de Boris, que pour ma part je ressens fortement, partagé entre la peinture primale/éternelle, d'ailleurs très bien mise à jour et soulignée par Vimenet, et une part de calcul complexe de probabilités, offerts par les outils d'aujourd'hui. « Sémino-mental », faudrait-il l'appeler ? Par ailleurs, je pense qu'il y a besoin d'insister sur les enjeux très particuliers que son travail induit dans les nouveaux systèmes de diffusion et de représentation, déjà largement débattus, certes, mais toujours à l’œuvre, dans la relation magico-imageante que les arts audiovisuels entretiennent aujourd'hui avec les modes de perception du public. Ce point me paraît fondamental dans les réalisations de Boris, parce qu'étroitement lié et d'ailleurs inclus dès l'origine dans le processus de conception/fabrication. La terra incognita de Boris Labbé n'est pas complètement vierge, bien évidemment , disons qu'elle tend comme d'autres vers l'inconnu. C'est tout l'immense bonheur qu'on lui souhaite, de réussir, non pas à l'atteindre, par malheur ! mais à s'en approcher, le frôler... La question, encore (et pour finir), est de savoir si, au-delà de cette sapience, le travail de Boris Labbé avait besoin d'un tel dévoilement des champs opératoires et ampliation des sources historiques, c'est-à-dire : celle-ci ne risque-t-elle pas, par cette mise en perspective de modifier le point d'horizon, de le rendre moins libre dans ses explorations, d'oblitérer ses propres découvertes, de l'inciter à moins cultiver la prospective, de lui ôter enfin un peu du sens de la désorientation ?
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